Savoir-faire et tri de laine

Trier la laine, la rencontre des savoir-faire

Sans vouloir dire que l’Humain se prend pour un mouton, il semble s’en être largement inspiré car de par le monde, il en a utilisé la laine pour se vêtir et protéger son corps. Or, déshabiller la brebis pour en transformer la toison est une étape qui requiert un vrai coup de main.

Au commencement, la matière première

Cette considération dépasse le cas de la laine : un produit n’est de bonne qualité que si l’on s’intéresse à la matière première qui le compose. En l’occurrence, la laine est une matière aux propriétés extraordinaires qui présente des qualités variables selon la race, les conditions d’élevage et la sélection des bêtes. En d’autres termes, la laine reflète la santé du troupeau. Le rôle des éleveurs et des éleveuses est alors primordial pour assurer la qualité d’une laine et donc des vêtements conçus avec.

Charnière entre l’élevage et le textile, la tonte et la récolte de la laine constituent la première étape de valorisation. Trier la laine se fait à la main et demande un savoir-faire précieusement transmis au sein de Laines Paysannes. C’est là que commence un vrai travail d’équipe entre éleveurs.euses, tondeurs.euses et les trieurs et trieuses de laine. La bergerie semble chaque année animée d’une curieuse dance rythmée par les tondeuses et les lancés de toisons, et orchestrée par un objectif commun : récolter une matière première de qualité.

Avec la vingtaine de fermes partenaires du projet, nous avons défini les critères d’une laine de qualité pour faciliter les étapes de transformation qui suivront. Une belle laine doit donc être exempte d’autres matières (pailles, ficelles, crottes et autres fantaisies que l’on trouve parfois dans des sacs). Elle doit être de couleur homogène (non jaunie), souple, résistante et élastique, légèrement grasse et non feutrée. Les toisons qui remplissent ces critères ont donc toutes les chances d’atterrir sur la table de tri

Trier la laine, ça veut dire quoi exactement ?

Trier la laine est un savoir-faire qui consiste à former des lots de laine homogène dont les caractéristiques seront définies en fonction des usages souhaités. Par exemple, pour la fabrication d’un fil, il faudra sélectionner les fibres les plus longues pour la résistance, alors que pour une couette, des fibres gonflantes seront priorisées.

Pour trier, on commence par étendre une par une, sur des tables ajourées, les toisons des moutons fraichement tondus. Après en avoir repéré les différentes parties (les épaules, les flancs, les cuisses), il s’agit d’ôter les fibres trop courtes, trop grossières et/ou souillées ainsi que d’éventuels débris végétaux. Et tout cela, à la cadence des tondeurs ! Il est également important de protéger l’espace de tonte pour éviter que la laine ne se salisse. Au fil des années, notre équipe a initié de bonnes habitudes pour conserver un chantier de tonte propre en installant des bâches de protection et en encourageant la construction de salles de tonte.

Les différentes qualités de laine sont ensuite conditionnées dans des sacs différents. Idem pour les couleurs : un sac pour les laines blanches, un sac pour les laines noires, un sac pour les couleurs mélangées.

Et pour finir, les curons (sacs) seront stockés à l’abri de l’humidité pour assurer la bonne conservation des laines soigneusement récolées.

Trier la laine, un parti pris écologique

Le tri à la main est indispensable si l’on souhaite utiliser des process de transformations écologiques. A titre d’exemple, en éliminant manuellement un maximum de végétaux, le carbonisage de la laine (traitement à l’acide sulfurique pour bruler les débris végétaux) peut être évité. Ce n’est pas du luxe !

Le tri permet de sélectionner les fibres les plus longues et ainsi minimiser les pertes de matières dans les différentes unités de transformation. C’est également un gage de qualité pour les fils qui seront solides et moins sensibles au boulochage. Laines Paysannes met donc un point d’honneur à réaliser ce travail en équipe et à valoriser un savoir-faire ancien et artisanal.

Et pompon sur la Garonne, trier la laine directement chez les éleveurs et les éleveuses nous permet d’assurer une traçabilité impeccable de la matière première jusqu’au produit fini. Une exception dans le monde du textile aujourd’hui !

L’intérêt de créer avec une matière vivante est aussi de travailler avec les différents métiers qui composent la filière. Ainsi, nous prenons toujours le soin de faire des retours aux éleveurs.euses sur l’état de leur laine car leur rôle est primordial pour des pulls de qualité à travers la matière première.

Un brin de vocabulaire

Bien que le tri et la sélection des laines soit entièrement manuel et ne nécessite que peu de matériel, le jargon, lui, est spécifique !

On parle de curons pour conditionner la laine. Ce sont des sacs en nylon dans lesquels nous différentions les différentes qualités de laine (celle qui sera transformée localement, celle qui partira au négociant). Le porte curons est la structure métallique qui soutient le curon pour faciliter le remplissage et permettre le tassage. Les tables de tri à claire-voie permettent d’éliminer une partie des poussières, végétaux et petites fibres courtes qui se détachent des toisons et tombent sous la table.

Ce matériel est rudimentaire, mais au regard de la déstructuration de la filière ces dernières décennies, il est quasi impossible à trouver en neuf. Alors la meilleure solution est encore l’auto-construction, et à l’image du reste de la filière, demande de faire preuve d’ingéniosité !

La sélection du printemps

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